Le premier décembre a pris une connotation particulière cette année.
Il y a 40 ans, le Morbidity and Mortality weekly report du Center for Disease control and Prevention aux États-Unis rapportait les premiers cas d’une étrange maladie qui attaquait le système immunitaire chez de jeunes hommes gais de New York, puis Los Angeles et San Francisco. Puis, on connait l’histoire pas toujours éloquente de ce qu’on connait aujourd’hui comme le VIH.
Malgré les avancées médicales, nous ne sommes pas sortis du bois. Le VIH continue d’affecter des vies. Nos vies.
Chaque jour, plus de 4100 personnes sont infectées par le VIH dans le monde. Depuis 40 ans, le VIH a fait plus de 36 000 000 de morts en 40 ans, dont près de 20 000 au Canada. Plus de 2000 personnes dans le monde meurent du VIH toutes les 24 heures. 53 % des personnes vivant avec le VIH dans le monde sont des femmes et des enfants.
Onusida 2021
Si en 2021, on commence à entrevoir un traitement curatif du VIH alors que des scientifiques du monde entier dont ici au Canada, via le consortium de recherche CanCure se concentrent sur la question, la vie de plusieurs personnes vivant avec le VIH (PVVIH) demeure compliquée. D’abord, l’iniquité persiste quant à l’accès aux traitements anti-rétroviraux entre les pays riches et les pays pauvres. Même ici au Canada pour des personnes en situation d’immigration précaire ou incertaine peinent à avoir accès à ces traitements. La discrimination et la stigmatisation continuent de faire leurs ravages auprès de certaines PVVIH. La stigmatisation peut être pire que le VIH.

Le VIH a été la première pandémie déclarée par l’Organisation mondiale de la Santé. La deuxième a été la COVID-19. Nos populations vivant avec le VIH ont été grandement affectée par cette nouvelle pandémie. Certain.e.s ont été atteint.e.s par le coronavirus et ont été parfois très malades – plusieurs en sont mort.e.s. D’autres ont subi les contrecoups des confinements et des mesures d’éloignement sanitaire. Leur isolement a été exacerbé. Dans d’autres cas, avec les pertes d’emploi qui en ont résulté, des PVVIH se sont retrouvées dans la précarité financière, l’insécurité alimentaire, sans logis, en crise de santé mentale, et quoi encore.
À la lumière de tout cela, Maison Plein Cœur a décidé d’organiser un événement à l’occasion du Premier décembre pour souligner – voire célébrer – le courage, la persévérance et la résilience.

En collaboration avec notre partenaire ACCM, nous avons organisé un ciné-débat avec la projection de And the band played on (Les soldats de l’espérance), un film de 1993 basé sur le livre du même titre du journaliste étatsunien Randy Shilts. Monsieur Shilts a été le premier journaliste affecté à temps plein à la question du VIH. Il est lui-même mort du VIH en 1994.
Notons que certaines affirmations du film se sont avérées erronées par la suite, dont celles sur un homme gai québécois Gäetan Dugas. Celui-ci a été accusé à tort d’avoir été la patient zéro, celui qui aurait emmené le VIH aux États-Unis. Or, on sait maintenant que le VIH était présent sur le territoire depuis bien avant que Monsieur Dugas se rende dans ce pays la première fois. Malheureusement, la disculpation de Gäetan Dugas est arrivée après sa mort. C’était trop tard. La réputation de l’homme avait déjà été trainée dans la boue.
Pour la vingtaine de personnes qui a participé au visionnement, ce film, bien qu’imparfait, démontrait ce que plusieurs ont vécu, l’indifférence par rapport à ce virus, notamment celles des politiciens et des pharmaceutiques d’alors. Des échanges touchants et émouvants ont eu lieu.

Après le visionnement, une centaine de personnes ont participé à la 33e vigile annuelle du premier décembre. C’était l’occasion de se réapproprier le Parc de l’Espoir à Montréal, fermé l’an dernier pour des rénovations (et en raison de la pandémie de COVID-19). Plusieurs de nos participant.e.s ont pris la parole pour faire un témoignage. Bravo à elles et à eux.
Plus tard, notre partenaire ACCM a accueilli des participant.e.s dans le cadre d’une réception pour se remettre au chaud après avoir passé plus d’une heure dehors au Parc de l’Espoir.