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Drogues de rue : l’inquiétude règne chez les intervenants

Drogues de rue : l’inquiétude règne chez les intervenants

La crise actuelle des surdoses chez les toxicomanes et autres utilisateurs de drogues de rue amène son lot d’inquiétudes chez les intervenants communautaires, les travailleurs de rue et les gens de la santé publique, entre autres.

C’est pourquoi le Dr. Jean Robert, médecin spécialiste en microbiologie médicale – infectiologie et santé communautaire a décidé de présenter les dernières  données du programme d’analyse des drogues du Centre Sida Amitié de Saint-Jérôme, dont il est le fondateur. Spécialiste reconnu en santé communautaire depuis les années 70, il est également l’auteur du livre  « Médecin de rue ».

Il a donc tenu récemment un webinaire intitulé : Des drogues et des humains,  l’analyse des drogues de rue au Québec. L’intervenant en Entraide Positive de Maison Plein Coeur, Didier Leroy, y a assisté et nous a fait part des principaux éléments dont il a pris connaissance.

Pour le Dr. Robert, l’information transmise à cette occasion permettra aux professionnels de la santé, des  services sociaux et du communautaire de mieux comprendre les  drogues et autres produits en circulation et de l’impact sur les  personnes qui consomment des drogues, notamment en contexte de COVID-19.

Des données étonnantes

Le docteur Robert propose à travers cette conférence de parler de ce qui se fabrique, de ce qui circule et de ce qui se vend auprès d’humains qui consomment.

La santé communautaire doit faire le lien entre le besoin et la réponse :

– 357 ateliers de formation ont été réalisés sur le nalaxone

– 1183 trousses de 6 doses ont été distribuées soit 7098 doses.

– De septembre 2017 au 4 août 2020, 3474 urines ont été analysées.

255O urines se sont révélées positives soit 73% ; on trouve essentiellement de l’héroine, de la cocaine, de la lidocaine, de la morphine, etc.

À noter : l’équipe ne pose pas de questions aux personnes testées et ne les juge pas ; elle fait seulement des tests.

Le docteur Jean Robert explique que l’on peut trouver facilement sur le marché du speed, du xanax, des relaxants, antidépresseurs et des anxiolytiques.

L’équipe du Centre émet des alertes de surdoses à l’attention des travailleurs de rue. Il alerte sur de nouveaux arrivages : cocaine, amphétamine, méthamphétamine, éphédrine, levamisole, benzocaine, lidocaine, etc.

Ce qui est démontré, c’est que plus de 90 % des intoxications sont dues à des surdoses de multi-substances !

Le docteur Robert précise «  qu’on ne peut imaginer ou prévoir les interactions avec toutes ses substances ». Il indique que le marché des substances varie rapidement de semaine en semaine.

Les données révèlent aussi que les consommateurs d’une seule substance ne représentent que 10% alors que les autres absorbent souvent à leur insu.

Pendant cette période de COVID-19, le docteur Jean Robert souligne une diminution de l’accès au matériel stérile, ce qui pousse les utilisateurs à la réutilisation et au partage.

Il craint donc fortement que lors des dépistages, on constate une augmentation d’hépatite C et de VIH.  » Il y a eu la fermeture d’accès aux soins et les renouvellements des ordonnances ne se sont pas faits, avec en prime des travailleurs communautaires en souffrance », ajoute-t-il.

Le docteur Robert conclut en rappelant à tous que l’hépatite C se transmet surtout par partage et qu’il faut absolument se renseigner sur ce que contiennent les doses.